Asthme
L’asthme est du à une inflammation chronique des petites voies aériennes (bronchioles) se traduisant par un gonflement de leur paroi interne et par une sécretion plus abondante de mucus et à une hyper-réactivité bronchique (HRB) entrainant un bronchospasme (ou bronchoconstriction) par contraction des muscles bronchiques secondaires à des stimulis variés. Inflammation et HRB sont responsables du retrécissement du diamètre interne des bronches qui se traduit par une diminution du flux aerien surtout à l’expiration se manifestant par une une dyspnée (essoufflement) sifflante à l’examen clinique.
La réponse bronchique se fait en deux temps : contraction des muscles bronchiques en quelques minutes (action des médicaments bronchodilatateurs), c’est la réponse immédiate, puis apparaît plus tardivement une inflammation de la muqueuse bronchique (action des anti-inflammatoires : cortisone), c’est la réponse retardée.
Dans ce conflit bronchique deux éléments interviennent : des cellules bronchiques (macrophages, lymphocytes …) qui libèrent des substances appelées médiateurs : histamines, leucotriènes … pouvant avoir une action soit bronchoconstrictrice, soit inflammatoire, et le système nerveux autonome qui agit sur la régulation du tonus du muscle bronchique. Le système nerveux autonome comprend :
le système parasympathique (cholinergique) bronchoconstricteur.
le système sympathique (beta2 adrénergique) bronchodilatateur.
le système NANC (non adrénergique, non cholinergique) bronchoconstriteur et bronchodilatateur
Ces 3 systèmes assurent une ouverture bronchique permettant de respirer normalement. Dans l’asthme, il y a un déséquilibre en faveur d’une bronchoconstriction.
Épidémiologie : l’asthme est une pathologie en augmentation trop souvent banalisée. L’éducation des patients doit donc être favorisée ainsi que la prévention. Quelques chiffres (en France).
– 3,5 millions de personnes atteintes d’asthme.
– 600.000 journées d’hospitalisation /an.
– 200000 passages dans les services d’urgences par an en France.
– 1000 à 1500 décès/an.
– 115 à 120.000 personnes en ALD (affection de longue durée)
– 8% des adultes et 10% des enfants sont asthmatiques. Mais ces chiffres ne tiennent pas compte du nombre élevé de cas d’asthme méconnus. Chez l’enfant, la maladie doit s’élever à 20%de cas.
– première maladie chronique de l’enfant.
– l’asthme n’est pas plus fréquent en milieu urbain qu’en milieu rural.
– problème de santé publique : l’asthme est une maladie très coûteuse :1,5 milliard d’euro/an comprenant hospitalisations, médicaments, frais de laboratoires, absentéisme scolaire et professionnel, invalidité.
Les facteurs déclenchant sont multiples, l’asthme étant une maladie multifactorielle :
– facteurs prédisposant : génétiques ( très certainement prédominant), sexe (plus fréquent chez les garçons chez l’enfant). – les allergènes : Pneumallergènes, allergènes que l’on respire : acariens, blattes, pollens, allergènes d’origine animal (chat,cheval,chien,animaux de laboratoires), moisissures alternaria, aspergillus.. Trophallergènes – allergène alimentaires (cacahuète …). Médicaments (aspirine, anti-inflammatoire non stéroïdien, bêtabloquant … ). Allergènes professionnels (coiffeurs, boulangers, pâtissiers, peintres …) 10% des asthmes de l’adulte. – tabac (diminue l’efficacité des corticoïdes inhalés, augmente les IgE sériques). Le tabagisme passif aggrave l’asthme. – pollution domestique, industrielle, atmosphérique. – atteinte ORL : infections virales des voies aériennes supérieures, polypose-naso-sinusienne (asthme+polypose naso-sinusienne+intolérance à l’aspirine = syndrome de Fernand-widal.
– autres facteurs : reflux gastro-œsophagien, facteurs hormonaux (puberté, ménopause …), obésité, effort ou post-exercice, psychologique .
Les manifestations cliniques de l’asthme sont multiples :
° Toux : parfois, il s’agit d’une toux isolée, qui se prolonge et se répète plus ou moins aux même périodes, pouvant survenir la nuit .
° Des épisodes de bronchites à répétition
° Parfois simple diminution du souffle qui s’amplifie avec le temps, l’asthme étant découvert tardivement vers la cinquantaine.
° Crise d’asthme classique : elle s’installe rapidement volontiers la nuit, débute par une toux sèche, essoufflement (dyspnée), sifflements thoraciques avec difficulté à vider les poumons imposant la position assise ; la fin de la crise est annoncée par une toux qui devient grasse, accompagnée d’une expectoration perlée . La crise peut durer de quelques minutes à plusieurs heures et être plus ou moins intense .
° Attaque d’asthme (= exacerbation) : succession de crises d’asthme, pendant plusieurs jours ; entre les crises, la dyspnée peut être absente ou présente. L’attaque d’asthme peut être plus ou moins sévère.
° Asthme aigu grave : crise particulièrement grave, inhabituelle, menaçant la vie du sujet . C’est une urgence . Il est responsable de 1000 à 1500 décès par an . La cause la plus fréquente étant souvent un traitement de fond insuffisant/inadapté ( sous utilisation des corticoïdes) ou mal suivi.
° Signes annonciateurs d’une crise d’asthme : toux, difficulté à respirer, fatigue, les yeux qui piquent/grattent, le nez qui coule, la gorge qui gratte, éternuement, mal de tête, changement de comportement, fatigue, chute du DEP (voir plus bas le dédit de pointe).
°Signes de gravités d’une crise d’asthme : dyspnée intense, difficulté à parler, impossibilité de rester allongé, aucune amélioration malgré la prise de plusieurs bouffées de bronchodilatateur, débit expiratoire de pointe effondré.
Le bilan se fera en état stable est comprendra :
une étude du souffle permettant de mesurer les débits bronchiques. Deux possibilités :
– soit les débits sont normaux (souffle normal), on réalise un test de provocation bronchoconstricteur : si test positif (diminution de 20% des débits), il s’agit d’un asthme ; si test négatif (pas de diminution des débits), il ne s’agit pas d’un asthme.
– soit les débits sont diminués (inférieur à la normal), on réalise un test bronchodilatateur : si on améliore les débits de 20%, le test est en faveur d’un asthme ; si on n’améliore pas les débits, il ne s’agit pas d’un asthme.
radiographie thoracique.
radiographie des sinus.
bilan allergologique (essentielle chez l’enfant) comprenant interrogatoire, tests cutanés + tests biologiques éventuellement.
bilan cardiologique, si nécessaire, pour éliminer une pathologie cardiaque gauche.
gazométrie sanguine éventuellement.
De ce bilan deux types d’asthme se dégagent : .
– Un asthme intermittent : crises d’asthme espacées survenant chez un sujet ayant une respiration normale entre les crises.
– Un asthme persistant : il existe toujours un fond d’essoufflement plus ou moins sévère accompagné de crises d’asthme d’intensité variable, plus ou moins fréquentes. On distingue en fonction de la gravité des débits bronchiques mesurés :
° asthme persistant léger.
° asthme persistant modéré.
° asthme persistant sévère.
Le traitement doit calmer une crise/normaliser la fonction respiratoire si possible. Il comprend :
–traitement d’une crise (asthme intermittent):
° bronchodilatateurs d’action rapide inhalés ± corticoïdes inhalés.
° utilisation du Baby Haler chez le nourrisson et le tout jeune enfant.
° si crise persistante malgré les inhalations faire aérosols de bronchodilatateur +/- corticoïde ou si nécessaire bronchodilatateurs – corticoïdes par voie IV mais cela en milieu hospitalier.
– traitement de fond (asthme persistant) : il est fonction du bilan, de la sévérité de l’asthme et de son étiologie :
° suppression/réduction de l’exposition aux facteurs de risque.
° kinésithérapie respiratoire si nécessaire.
° désensibilisation si le bilan le permet.
° prescription de médicaments : bronchodilatateurs longue durée d’action inhalés + anti inflammatoires (corticoïdes inhalés ou per os antileucotriènes).
° autre : Anti-Ige si asthme allergique.
– A savoir :
–l’éducation thérapeutique fait partie intégrante du traitement : 40%des asthmatiques, adultes et enfants, ne prennent pas leurs médicaments.
– les médicaments actuels ne guerrissent pas l’asthme. Ils permettent un bon contrôle de l’asthme quand ils sont bien pris.
– établir un PAI (plan d’accueil individualisé) pour l’école.
– L’essentiel est de savoir contrôler son asthme : utilité du DEP (dédit expiratoire de pointe).
UNE MECONNAISSANCE DE LA MALADIE EXPLIQUE L’ABSENCE DE MOTIVATION AU TRAITEMENT DE FOND.
LE PASSAGE AUX URGENCES DEVRAIT ÊTRE L’OCCASION DE PARLER D’EDUCATION THERAPEUTIQUE ET DE PREVENTION AU PATIENT.
Une surveillance de l’asthme par le(a) patient(e) peut être assurée par l’utilisation du Débit Expiratoire de Pointe (DEP) . Il s’agit d’un petit matériel portable, en vente en pharmacie, d’utilisation simple . Ce n’est pas une spirométrie . Il ne représente que l’état fonctionnel des gros troncs bronchiques, il ne donne aucune indication sur l’état des petites bronches . Le Débit de Expiratoire de Pointe appelé également « Peak Flow » est le débit maximum obtenu lors d’une expiration forcée. comment se servir du dédit de pointe ?
° mettre le curseur sur 0.
° être debout.
° tenir l’appareil avec les mains qui ne doivent pas géner le déplacement du curseur
° le DEP est utiliser comme une sarbacane.
° gonfler (inspirer) au maximum la poitrine, bouche ouverte.
° introduire l’embout de l’appareil dans la bouche.
° fermer les lèvres de manière étanche autour de l’embout, ne pas mettre la langue devant l’orifice du DEP et,
° souffler (expirer) le plus fort et le plus vite possible ( pas d’expiration longue).
° noter la mesure.
° faire trois mesures à quelques seconde d’intervalle et garder le meilleur score.
quand se servir du DEP ?
° au moment de la crise pour apprécier sa sévérité.
° pour apprécier l’efficacité du traitement.
° quand l’enfant ou l’adulte a des difficultés à percevoir l’obstruction bronchique.
° pour détecter des facteurs déclenchant : sport, irritants professionnels atmosphériques domestiques, allergie .. .
Sport et asthme :
quel sport ?
° activités sportives recommandées sauf dans les suites immédiates d’une crise d’asthme, et si le médecin déconseille le sport pendant un certain temps, asthme mal équilibré, pics de pollution.
° activités faiblement asthmogène : tennis, handball, gymnastique, natation en piscine ouverte, ski de piste, golf.
° activités fortement asthmogène : basket-ball, rugby, cyclisme, course de longues distances, football, hockey sur glace, patinage, ski de fond.
° activités contre indiquées : plongée sous marine avec bouteilles (les gaz contenus dans les bouteilles sont froids, secs, et irritants pour les bronches).
° non recommandé : la pratique de l’équitation car peut aggraver un asthme existant ou faire apparaître une nouvelle sensibilisation. Éviter une activité sportive après une crise d’asthme et durant les pics de pollution.
quelles précautions avant exercice ? échauffement, début et fin d’exercice progressifs, prise d’un bronchodilatateur d’action rapide10 mn avant effort, inspiration nasale (réchauffement, humidification de l’air inspiré).
Asthme et grossesse : l’asthme peut être un facteur aggravant d’une grossesse . Il est dons impératif que la femme enceinte poursuive sont traitement . Les médicaments (dans leurs grandes majorités) prescrits pour la maladie ne présentent aucun danger : le risque de ne pas prendre les médicaments étant supérieur . La fonction respiratoire de la femme enceinte doit être vérifiée régulièrement.